Pièce d’histoire au Kilimandjaro

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Pièce d’histoire au Kilimandjaro

Lettre Kilimandjaro

Quand un voyageur fait une étrange découverte, au sommet du Kilimandjaro. Laissez-vous voyager dans le temps…

 

Par Xavier, membre du groupe de montagne D-Mont Blanc

15 juillet 2013,

Trois jours plus tôt, mon frère Alexis, mes parents, un couple d’amis de la famille, notre guide Karavaniers et moi-même foulions pour la première fois le sol poussiéreux du Kilimandjaro accompagnés d’une trentaine de porteurs locaux. Nous entamions une épopée de 7 jours qui nous conduirait, si tout se déroulait comme prévu, au sommet du Kilimandjaro à 5 895 mètres, en passant par un sentier situé sur le versant kenyan, au nord de la montagne.

Étant des adaptes d’alpinisme et d’escalade, étant jeunes et relativement en forme, il faut comprendre que le rythme de marche lent et les pauses fréquentes que nous imposaient les guides locaux grugeaient tranquillement mon moral et celui de mon frère, mon partenaire de cordée habituel. Le sourire n’était toutefois jamais bien loin, puisque nous rappelions sans cesse à nos parents que ce rythme était parfaitement adapté pour la forme et l’âge des «Boomers»!!

En cette magnifique journée ensoleillée, notre groupe de marcheurs devait partir de Moir Camp (Camp 2) pour rejoindre Rongai Camp (Camp 3) par un sentier qui oscillait entre 3 900 mètres et 4 200 mètres. Puisque le rythme de marche nous convenait plus ou moins sur ce terrain relativement plat, mon frère et moi demandons à Delphine, notre guide Karavaniers, si nous pouvions quitter le sentier pour enchainer une série de petits éperons rocheux qui bordent le côté Sud du sentier sur lequel progressait notre groupe. Cette petite aventure imprévue nous permettrait de progresser à notre rythme, mais aussi de rejoindre des hauteurs de 4 400 mètres, ce qui serait avantageux en terme d’acclimatation.

 

C’est ainsi que mon frère et moi quittons le sentier accompagnés de Dennis Mato, l’un des guides locaux responsables de notre petit groupe de randonneurs. Le sentiment d’isolement est total. Dès les premières hauteurs que nous atteignons, nos yeux peuvent contempler une énorme vallée glaciaire qui demeure à l’abri du regard des milliers de randonneurs qui transitent à l’année via le sentier du Northern Circuit. Malgré l’altitude, nous croisons des traces de buffles et Dennis nous indique qu’aucun être humain n’a mis les pieds sur cette portion de la montagne.

Après environ une heure, nous entamons l’ascension d’un autre éperon rocheux. En raison de l’altitude, nos rythmes cardiaque et respiratoire augmentent rapidement, bien que la montée ne soit pas très raide. Arrivés au sommet, nous déposons nos sacs et buvons une gorgée d’eau tout en admirant le paysage. C’est à ce moment que Dennis mentionne que nous ne sommes finalement pas les premiers hommes à atteindre cet éperon et il attire notre attention sur un très petit tas de pierres qui orne le sommet de l’éperon rocheux.

Curieux, nous nous approchons du cairn et nous remarquons une vieille conserve rouillée coincée entre deux pierres que nous nous empressons de retirer. En ouvrant le couvercle, nous y trouvons une lettre soigneusement pliée, écrite au crayon de plomb sur une feuille jaunie par le temps, qui, elle, était emballée dans ce qui semblait être du papier métallique de carton de cigarette.

Assis en indien au sol, totalement absorbés par cette étrange découverte, je tente de déchiffrer le message de la lettre. La première phrase me frappe comme une massue : «Reached this tower at 9h15 am on the 3rd of January 1934…». L’auteur y mentionne ensuite l’inexactitude des cartes topographiques de cette région du Kilimandjaro et il raconte ensuite que lui et ses porteurs locaux avaient dormi dans une caverne avant d’atteindre cette tour rocheuse. La lettre, étonnamment bien conservée, est signée «R. R. Reusch D.D member of the E.A.M.C.» .

Nous sommes sans mot, nous venons de découvrir les mots d’un explorateur qui datent de près de 80 ans. Nous documentons la découverte avec plusieurs photos et vidéos et nous y ajoutons notre touche personnelle avant de la replacer soigneusement dans la conserve où nous l’avions trouvée : «Xavier, Alexis, members of D-Mont Blanc (Montréal, Canada), reached this point with Dennis Mato on the 15th of July 2013 at 10h15 am

Notre petite aventure hors des sentiers battus en aura vraiment valu la peine et elle aura fait rêver le reste du groupe lorsque nous leur avons raconté la découverte un peu plus tard dans la journée.

De retour au Québec, je m’empresse de faire des recherches afin de trouver l’identité dudit explorateur. Il me faut peu de temps pour découvrir que le cratère interne du Kilimandjaro porte son nom de famille. Il s’agit en fait du révérant Dr. Richard Reusch (1881-1975). Natif d’Allemagne, il est ensuite devenu missionnaire en Tanzanie. En 1926, il était le 7e homme à atteindre le sommet du Kilimandjaro et il fonda par la suite le East Africa Mountain Club dans lequel il entraina les premiers guides locaux. Il aurait atteint le sommet du Kilimandjaro plus de 50 fois…

Même les sommets les plus fréquentés recèlent encore quelques secrets et morceaux de notre histoire…

Un énorme merci à Delphine et à toute l’équipe Karavaniers pour cette belle aventure!

Pour d’autres récits et photos de nos aventures en montagne, visitez la page Facebook : D-Mont Blanc

Karavaniers

Karavaniers

«Un camp de base à échelle humaine, sept à huit spécialistes voyages qui pour la plupart sont aussi guides. Un peu plus de 1000 voyageurs par an... assez pour nous donner les moyens de nos ambitions et assez peu pour nous permettre de rester des artisans du voyage d'abord.»

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