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Crédit photo – Richard Rémy
L’ère du pétrole à pas cher tire à sa fin. D’ailleurs, chaque augmentation du prix de l’essence ne manque pas de faire la une des journaux. Après tout, ne sont-ce pas notre mode de vie et – n’ayons pas peur des mots! – notre liberté qui sont en jeu ici? (Avez-vous senti cette légère touche d’ironie?) Les journalistes ont d’ailleurs bien raison de faire leur travail et d’emprunter ce ton affolé pour soulever les vraies questions, aller au fond des choses… La population doit réagir! Un peu plus et nous serions condamnés à… marcher, pagayer, grimper, pédaler!
Allons, un peu de sérieux… Voici quelques réflexions que je me fais. Je ne suis pas journaliste et ne fait donc qu’effleurer la surface des choses. Vous allez dire aussi que je mélange tout… Mais quand même, on peut se poser quelques questions, non?
L’un des vrais drames qui se cache derrière l’augmentation du prix de l’essence, c’est que des quantités de plus en plus importantes de produits agricoles (maïs, blé, riz, etc.) sont détournées vers la production d’éthanol et de biocarburants. Cela pour alimenter nos moteurs assoiffés de gaz à bas prix… Cette nouvelle demande crée une pression inflationniste sur les prix mondiaux des produits agricoles, notamment l’huile alimentaire (+ 40% en 1 an) et le riz (+ 300% au cours des 6 derniers mois). Or, avant ces augmentations de prix, près d’un milliard d’humains à travers le monde dépensaient déjà 1/3 de leur revenu en moyenne pour l’achat de ces aliments. Ils constituent la principale – et bien souvent unique – source de protéine pour ces gens… Vous avez-dit « crise alimentaire mondiale » ?
L’augmentation du prix du pétrole – et donc la demande croissante pour les biocarburants – encourage également les paysans du monde entier à défricher de plus en plus de terres – et donc à couper de plus en plus de forêts – afin de pouvoir accroître leur production de céréales. Chaque cyclone ou simple tempête tropicale n’en fait que plus de dégâts car ces sols dénudés ne parviennent plus à absorber tant de précipitations. Mort, dévastation, famines…
Parmi les autres causes de la hausse des prix du pétrole et de cette crise alimentaire qui menace le monde, on pourrait aussi mentionner dans le désordre : la croissance démographique mondiale, notre consommation effrénée, la spéculation, les changements climatiques… Je vous laisse le soin de faire des liens entre ces différents éléments. (Indice : la réponse ne se trouve pas dans le Journal de Montréal!)
Quant à nous, nous allons devoir nous habituer à payer l’essence et nos billets d’avion de plus en plus cher et apprendre à créer une société qui prend cette réalité en compte. Et ce d’autant plus que ces augmentations ne vont pas s’arrêter demain… D’ailleurs, si nous voulions vraiment jouer à nous faire peur, on pourrait aussi évoquer le pic de production du pétrole, mais cela ferait beaucoup de matière à couvrir pour un seul édito!
Ceci étant dit, pourquoi tant d’excitation quand on parle de l’essence? S’il y a un prix juste et réaliste à payer pour cette commodité, pourquoi nous acharnerions-nous à vouloir la payer moins chère? Pourquoi penser qu’il s’agirait là d’un droit sacré? Sur une note un peu plus légère, voici d’ailleurs quelques statistiques intéressantes! Saviez-vous que :
– à 130$, le baril de pétrole (159 litres) coûte environ 40% moins cher que le baril de Coke acheté à l’épicerie IGA (180$)?
– à 240$, le baril de lait 2% de marque Québon acheté chez IGA est environ 80% plus cher que celui de pétrole?
– le prix d’un baril de café latte acheté chez Starbucks vaut à peu près 1000$?
– le prix du baril d’eau embouteillée Naya achetée en épicerie est d’environ 220$, soit 1400 fois plus que ce qu’il en coûte de faire couler l’eau parfaitement potable de nos robinets à Montréal? Et pourtant, les Québécois sont les plus grands consommateurs d’eau embouteillée au Canada…
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Toutes ces inquiétudes et cette ‘conscientisation’ face aux impact de notre mode de vie occidental ont tendance à remettre en cause mon goût pour les voyages à l’autre bout du monde.
Car s’il est vrai qu’une fois sur place, on peut marcher, pagayer, grimper, pédaler, il faut bien s’y rendre !
Hors il faut savoir que chaque passager aérien long courrier émet autant de gaz à effet de serre que s’il était seul en grosse voiture sur la même distance. Mais je ne suis pas sûr que je me rendrai en Inde en pédalo !
Dans une perspective ou chacun de nous devrait (et y sera contraint à terme) diviser par 2 ou 3 sa production de gaz à effet de serre, il semble dont que se soit une très mauvaise idée de prendre l’avion.
Voila les faits :
http://www.manicore.com/documentation/aeroport.html
Alors, est-ce que les entreprises de voyage-aventure comme Karavaniers devraient fermer boutique pour le bien de la planète ? Ou au moins bien réfléchir aux impacts réels de leurs activités avant de se positionner en donneur de leçons sur les questions environnementales et les façons de consommer ?
@ Isabelle
Tout un débat en effet… Mais on pourrait par exemple commencer à payer le prix réel de commodités comme l’essence.
Quant au voyage, il pollue, c’est vrai. Mais il y a toujours la possibilité d’acheter des crédits carbone et de compenser nos émissions de GES. Selon Ethiquette.ca, un voyage en avion avec compensation de GES coûte 3% de plus qu’un voyage sans compensation de GES : http://ethiquette.ca/creditscarbone
Comme vous le dites, personne n’envisage de se rendre en Inde à pédalo ! 🙂 Mais au travail? À l’épicerie? Est-ce vraiment des choix de vie si compliqués?
Quant à cet éditorial, donne-t-il vraiment des leçons? Il ne fait que rappeler des faits que l’on n’entend pas souvent dans les débats qui entourent la question du prix de l’essence. C’est tout…
Hum,
Conversion de cereales en carburant = diminution de l’offre de cereale = crise alimentaire.
Une équation attrayante par sa simplicité, mais trop simple pour expliquer quoique ce soit au marché alimentaire & énergétique planétaire.
Pour y voir plus clair il faut regarder les détails, voir les quantitées et comprendre les alternatives.
Par exemple peux-être faut-il remarquer, qu’il n’y a pas de conversion de riz en carburant, ni de substitution de culture du riz pour des céréales converties. Donc, dans ce cas précis, les biocarburants sont sans lien apparent avec l’augmentation des prix.
Peux-être faut-il savoir également que le plus important intrant des cultures céréalières est l’énergie. Et observer que la rétroaction du prix céréales sur celui des carburants abaisse cette pression sur le coût des céréales elles-mêmes.
On peut aussi remarquer que la transformation de mais en carburant n’est pratiqué à une échelle significative que chez nos voisin du sud. Que la transformation de blé en éthanol reste insignifiante. L’engouement américain pour le mais-éthanol est avant tout une stratégie de remplacement des subsides de soutien agricole. Elle-même une réponse aux pressions des pays en développement dont l’agriculture peine à se développer vu la dépendance aux produits agricoles subventionnés issuent de nos pays.
On pourrait continuer longtemps sur ce sujet, mais avant de tirer à boulet rouge sur un sujet rappelez-vous qu’en démocratie le citoyen a du pouvoir, et que pour l’exercer responsablement il se doit de connaître le sujet dont il veut débattre…
@ Paul
Ouuuuh… Les boulets rouges volent bas!
En démocratie, on peut surtout exposer son point de vue et partager sa connaissance sans s’efforcer d’écraser son interlocuteur.
Quant au vôtre, d’interlocuteur, il n’est ni économiste, ni agriculteur, ni spécialiste en agro-carburant, ni en quoique ce soit. Cependant, s’il faut avoir une maîtrise sur un sujet pour essayer, dans la limite de ses moyens, de trouver des réponses ou tout simplement se poser des questions et d’exprimer une opinion, je peux aussi bien retourner dans ma caverne! La démocratie a de beaux jours devant elle…
Ceci étant dit, quand les cultures de céréales (consommées par l’homme, comme le riz, ou destinées à la production de carburant, comme certains maïs) sont en concurrence pour les terres arables disponibles, alors oui, la production des biocarburants a un lien avec l’augmentation des prix du riz et des huiles alimentaires:
http://en.wikipedia.org/wiki/Food_vs_fuel
http://www.iht.com/articles/2008/01/19/business/palmoil.php
Mais il est évident que cela n’est pas la seule raison, personne ne le nie:
http://solutions.irri.org/index.php?option=com_content&task=view&id=14&Itemid=Array
Quant aux pays d’Afrique, ils sont effectivement dépendants de nos produits subventionnés car ces produits sont bien moins chers sur les marchés de Dakar et de Bamako que la production locale qui, elle, ne bénéficie pas de niveaux de subvention comparables. L’Afrique hérite donc de toute la production subventionnée que les pays d’Europe et l’Amérique du Nord n’arrivent pas à écouler sur leurs propres marchés et qui sont revendus là-bas à rabais (tant qu’il y a des dolars à se faire…). Pour la « pression des pays en développement » qui serait responsable de nos politiques de subvention, cela reste donc à prouver. Car la pression se fait plutôt dans l’autre sens à l’heure actuelle.
Ce qui est en train de se passer actuellement, c’est que l’agriculture de ces fameux pays en « voie de développement » (quelle voie? quel développement?) sont obligés de se tourner de plus en plus vers la production de céréales convertibles en bio-carburant, car « crise du pétrole » oblige, cela devient de plus en plus payant quand, parallèlement, la misère accable de plus en plus de monde:
http://www.sudonline.sn/spip.php?article12365
Moralité: la dépendance face aux produits suiventionnés venus de l’étranger est croissante dans les pays les plus pauvres et ne fait rien pour arranger une situation déjà catastrophique.
Un documentaire en trois parties qui explique beaucoup de chose:
1ere partie >>
2eme partie >>
3eme partie >>
Je n’ai pas une maîtrise en quoique ce soit mais je n’en suis pas moins un « citoyen responsable ». Quand je parle de quelquechose, je m’informe. Après, il est vrai que chacun analyse l’information avec son bout de la lorgnette…
La science infuse n’existe pas, tout le monde en convient. La science confuse est mauvaise conseillère, c’est certain. La science imbue d’elle même n’intéresse personne…