Ladakh – Souvenirs du Parang La

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Ladakh – Souvenirs du Parang La

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Témoignage de Guy – été 2000

 

Le voyage se résume en trois temps distincts : aller-retour en avion, quelques contacts avec l’Inde et sa grande histoire (Dieu que c’est beau le Taj Mahal en personne…) et un trek au Ladakh. Ce nom, Ladakh, a une consonance rude qui colle bien à ce coin du nord de l’Inde. Pays des hauts cols. Pays des derniers nomades où se donnent rendez-vous les montagnes de l’Himalaya et le plateau tibétain. Impossible, en quelques paragraphes, de rendre justice à ces vingt-huit jours où nous avons goûté les cultures indienne et tibétaine.

Agra, Leh, Hemis, Rumtse, Korzok, Kibber, autant de noms, autant de points d’entrée dans une masse compacte de nouveaux souvenirs qui m’habitent maintenant. Souvenirs multi-médias  car des sons, des odeurs, des images, des émotions et des goûts s’enchevêtrent  en un furieux mélange dans ma mémoire. Braise du dhal épicé sur mes papilles québecoises. Douceur surette des lassis aux bananes. Densité humaine de Delhi contrastant avec les espaces quasi-déserts du trek. Langueur de la plaine indienne sous le soleil. Hauteurs hérissées des montagnes sous la pluie. Vol en plongée des canards au lac Tso Morari. Rires des enfants nomades qui découvrent notre équipement. Sourires permanents des horsemen. Tache mouvante d’un troupeau de moutons sur les pentes herbeuses. Ibis blanc posé sur un buffle d’eau. De cette mer de souvenirs émerge nettement la journée de la traversée de la Parang La. Ce col à 5500 mètres permet le passage entre le Ladahk et le Spiti, dans l’état voisin de l’Himachal Pradesh. Le jour d’avant, au détour d’une vallée, après une belle marche d’approche, nous apercevons enfin le glacier qui mène à la passe. Sous la pluie, sale de débris, le glacier apparaît vaguement menaçant. Nous nous approchons en longeant le vigoureux torrent qui s’écoule de sa base et qui gronde sans relâche. On se couche tôt, la levée du corps étant programmée à 3 heures…

Le déjeuner de chapatis, d’omelettes bien relevées et  de thé a vite fait de nous réveiller et de nous réchauffer. Plusieurs heures sans pluie et la fraîcheur de la nuit ont réduit sensiblement le débit du torrent qu’il est alors aisé de traverser. Il faut ensuite grimper sur la lèvre vaseuse du glacier. Entreprise glissante et salissante! Cette vase cède rapidement sa place à une constellation de petits trous de diamètres et de profondeurs variés. Ces écrins blancs, remplis d’eau, hébergent chacun leur caillou et créent une surface texturée ou la progression est facile. Sous la lumière du jour naissant, au fond des rigoles arrondies qui serpentent  ça et là, se devine le bleu de la glace. Brume et lambeaux de nuages créent un ballet fantomatique ou dansent les sommets environnants. Plus tard, sur les murs de neige, la file des chevaux qui transportent nos bagages se découpe en contre-jour.

Durant la montée finale, une neige légère tombe très lentement. Les flocons ont peine à céder à l’appel de la gravité, comme si la lumière rose dans laquelle nous baignons les retenait. Il est un peu plus de six heures. La passe sépare deux mondes, l’un de neige, l’autre de pierre. Une descente abrupte de plusieurs heures nous attend. Le sentier, à peine visible par moment, n’est qu’une égratignure dans le chaos rocheux des pierriers qui se succèdent sans fin. L’histoire de la terre est écrite en gros caractères dans les plis et replis des montagnes.  Paysage rugueux et sauvage.

Au loin, vers dix heures, un plateau vert irlandais est en vue. C’est notre destination. Pour l’atteindre, il nous faut descendre encore, longer une rivière turquoise qui coule dans un canyon étroit et remonter une pente raide. Des ancolies et des rosiers nous saluent au passage. À quinze heures, sous le soleil, les tentes sont montées et nous prenons le thé, avec des petits biscuits s’il vous plait. Personne n’est fatigué de cette journée pourtant exigeante. La beauté du monde nous  a  rempli d’une énergie inépuisable.

La journée du  passage de la Parang La est présentement au sommet du palmarès de mes randonnées. Les émotions que j’y ai ressenti et les images qui me restent font dorénavant partie de mon coffre aux trésors. Vous aurez compris que j’ai beaucoup aimé le Ladakh et qu’il me manque. Julé!

 

Guy Nadeau

Été 2000

Karavaniers

Karavaniers

«Un camp de base à échelle humaine, sept à huit spécialistes voyages qui pour la plupart sont aussi guides. Un peu plus de 1000 voyageurs par an... assez pour nous donner les moyens de nos ambitions et assez peu pour nous permettre de rester des artisans du voyage d'abord.»

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