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Chroniques japonaises (Nicolas Bouvier) :
Quant à toi, Eliane, tu ajoutes : Regarde bien Kyoto pour moi, j’en ai l’ennui. Toi ? Toi qui t’y sentis si souvent étrangère, exilée et perdue. Étonnante alchimie du souvenir ! la même qui transforme nos morts en ombres inoffensives et chères. Maintenant que tout ce qui te pesait ici, que la légère odeur de deuil qui flotte parmi tant d’autres est tenue à distance, tu tires du vivier de ta mémoire les images qui te plaisent et tu les enlumines patiemment en levant parfois les yeux sur les prés verts d’Europe. Et c’est ainsi que les livres s’écrivent.
Ou l’autre versant du voyage. Après le chemin où tout change, le séjour où tout se fige. On peut considérer que l’aventure existe mieux dans son récit précédent (L’Usage du monde, dont nous reparlerons), dans cette errance qui ne s’empresse guère de l’amener tout au bout de l’Asie, c’est-à-dire au Japon. Mais ce récit immobile, au bout des routes, est certainement le plus beau. Comme est plus douce, au bout du compte, la nostalgie et la mémoire. Le Japon est un poème qui se conte mieux le c½ur lourd.
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