L’archéologue (Philippe Beaussant)

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L’archéologue (Philippe Beaussant)

Je comprends, j’ai compris à ce moment pourquoi, à peine Angkok Vat achevé, le Cambodge s’est précipité dans le bouddhisme. Il n’y avait plus rien d’autre à faire après Angkok Vat, que de fermer les yeux, assis sur les anneaux d’un cobra lové, qui vous protégerait comme Çakiamuni de son cou déployé. Ou bien, comme ils l’ont fait, de construire encore le Bayon, de projeter vers le ciel, encore plus haut qu’Angkok Vat, cinquante-deux fois le regard absent du Boddhisatva, d’élever le monument le plus pacifié et le plus désespéré, qui se nie à mesure qu’il s’offre, l’exaspération absurde de l’architecture pour proclamer le néant de tout, l’affirmation délirante de la puissance de l’homme qui bâtit et qui crie aux quatre horizons que rien ne vaut la peine de lever le petit doigt, ni même d’ouvrir les yeux.

Un roman comme une statue khmère. Court, rond, d’une facilité en trompe l’oeil. Le monologue désespéré d’un archéologue qui se souvient. On y passe rapidement sur ses chantiers en Égypte, à Java, à Bali, à Angkor, au son d’un lamento faussement alangui. Peut-être bien que les pierres n’ont jamais été mortes, qu’elles se souviennent qu’on s’était penché sur elles au moment de les faire naître. Et que le monde est une ruine sur lequel on se penche aussi.

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Pascal

1 Comment

  • Nina

    Je me suis vraiment ennuyée en lisant ce livre! Du début à la fin. Cependant, j’avoue que la chute est surprenante!

    07/12/2010 at 14:22

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