Décès d’un grand guide

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Décès d’un grand guide


Crédit photo: Nancy Perron

En octobre dernier, Pascal Guillaume devait venir me rejoindre à Katmandou, nous allions imaginer les voyages les plus fous des 5 prochaines années. Le Tibet, la Papouasie, le Ladakh étaient entre autres au menu. Le 1er du mois, Pascal a fait une chute mortelle alors qu’il se promenait tranquillement au Timor Leste. Quelques jours après, (je l’attendais à Katmandou), j’écrivais ce petit mot qui s’adressait beaucoup à ses proches, dont, humblement, je faisais partie. Karavaniers entrera dans sa 15e année l’an prochain. Pascal aura un hommage bien mérité bientôt sur notre site Internet mais pour l’instant je n’ai trouvé mieux que de reproduire ce mot que je lui écrivais en octobre.

Mais je dirai quand même ceci : Pascal était le meilleur guide de Karavaniers (et sa mort n’y a rien changé). Et j’aimerais bien un jour dire à un autre guide qu’il est aussi bon que ce Pascal qui était mon ami… Mais est-ce possible ?!

(écrit à Kathmandou, au New Orleans. Le 6 octobre 2011)
Bon…Salut vieux crouton maintenant que tu as, comme moi, atteint la quarantaine.
 
J’ai bien trop de choses à t’écrire mais comme je n’ai pas ton talent, je n’y parviendrai pas avant de partir. Je suis à Katmandou et  depuis quelques jours, je vais prendre le café le matin et la bière le soir au New Orleans…Tu sais cet endroit où à défaut de refaire le monde, on a fait le nôtre. De la Guiness et des brownies pour traverser l’Himalaya, ça nous semblait l’essentiel. L’essence de la vie même. Et tu sais quoi…on avait raison! Et toi, plus que tout autre, en construisant ton palais à Bali et en parcourant la planète, tu as fait ton monde. Bien sûr, t’aurait pas dû t’arrêter, mais t’as toujours fait à ta tête, donc tu ne me surprends pas vraiment vieux crouton!
 
Je disais que je n’aurais pas le temps avant de partir… parce que demain je pars guider le Manaslu, ce trek qui a été… la première Étoile Filante de Karavaniers et notre premier trek ensemble. C’était ton trek préféré au Népal. Le mien aussi. T’as fait exprès ou quoi???  Pas le temps mais dans mes bagages il y aura de magnifiques drapeaux de prières (les plus beaux que j’aie pu trouver) et  je vais les mettre à un endroit où tu n’es pas allé encore (parce qu’il ne faudrait quand même pas oublier cette compétition qu’on avait entre nous qui était de toujours aller plus loin dans la découverte) mais que je sais que tu apprécierais (j’aimais bien que tu sois jaloux!)…Je peux juste te dire que ce sera près du Pungyen Gompa, au pied du géant de 8000m. Et sur chaque drapeau, je vais écrire quelque chose qui me fait penser a toi… donc je vais parler d’Isabelle, de ta famille, de nouveaux voyages, de poésie, de belles filles, de bière, de tennis… de Karavaniers bien sûr.
 
Et pis même si tu n’étais pas très croyant, je te mets au défi de te réincarner par-ci par-là en oiseau pour aller voir les tableaux d’Isabelle. En chimpanzé pour venir, comme d’habitude, critiquer mes textes, en arc-en-ciel pour protéger tes parents et ton frère… mais aussi en voyageur céleste pour continuer d’inspirer, comme tu l’as fait depuis les débuts, Karavaniers.
 
(Tu me forces bien à te dire) Salut!

Richard

* Une page facebook a été créée en l’honneur de Pascal. Si vous désirez y écrire un mot, cliquez ici >>
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Richard

On l’écoutait nous dire: “Autrefois, le grand Fanfaron d’Égypte, …” et on riait. L’humour au ras des baskets, les jeux de mots, un sens de la répartie magnifique, tous les traits du plus grand fanfaron quoi, c’est lui! Mais voilà, cette légèreté qu’il se donne en voyage, il l’a bien méritée. Sa capacité de travail est légendaire. Et s’il cache vainement ses connaissances sous une blague du second degré, c’est qu’il est aussi modeste. Car Karavaniers c’est avant tout Richard. Il a la politesse de dire que les guides font une compagnie. Ce n’est pas faux. Mais Karavaniers, c’est d’abord le rêve d’une seule personne. Presque une obsession. Il est parti de rien, avec à peine un désir entre les mains, et voilà qu’il marche sur tous les pays du monde, quelques années plus tard, aussi légèrement qu’à l’intérieur d’un songe. Il a raison de rire lorsqu’il voyage. Ce monde dans lequel nous vivons tous ici, celui dans lequel on vous invite aussi, c’est avant tout le sien.

18 Comments

  • gilles tremblay

    Très touchant Richard !!

    Mes condoléances 🙁

    01/12/2011 at 13:42
  • Daniel Richard et Diane Perras

    Quand la vie ne tient qu’à un fil.
    Nous avons eu l’immense joie de rencontrer Pascal à Leh en 2008. Nous souhaitions même le rencontrer à Bali(son petit pied à terre)en mars. Le grand gaillard aux cheveux blonds, ses éternelles shorts beige, avec un regard plongé dans l’éternel n’est plus. Un être au parcours singulier qui avait réussi à transformer sa vie en une aventure continue. Fascinant comme Homme.
    Vivez ,bon Dieu, vivez!

    01/12/2011 at 14:00
  • Diane

    J’ai dû m’arrêter un petit moment pour me reprendre, j’avais de la difficulté à avaler ma salive. Cette histoire, votre histoire, me rappelle à quel point il est difficile de perdre des personnes qu’on aime. Je me rappelle aussi qu’il y a 2 mois un vieil oncle est décédé, mais que je ne côtoyais pas vraiment. Mais des personnes que j’aime et qui sont loin de moi auraient surement apprécié que je les contacte pour leurs témoigner ma sympathie. Pas la même histoire, mais elle m’a toutefois fait réfléchir !
    Merci de nous avoir partagé cette histoire et en passant j’ai bien aimé la façon d’écrire à ce vieux crouton 🙂

    01/12/2011 at 14:04
  • Isabelle Racine

    Quelle chance pour moi de t’avoir côtoyé le temps d’un voyage au Népal. Ta passion et ton amour pour ce pays (et pour tant d’autres sujets) étaient contagieux.

    Pascal, merci et salut !

    01/12/2011 at 14:28
  • Jocelyne Trudeau

    Merci Pascal pour tout. Ta connaissance et ton érudition a fait de notre voyage dans les sentiers Cathares un événement inoubliable. Je t’avais promis d’en apprendre plus sur le Catharisme par des lectures, c’est ce que j’ai fait. Salut

    01/12/2011 at 15:54
  • Clément Roberge et Anne Pouliot

    Quelle triste nouvelle sur un blog qui se veut rempli de défis, de rêves, de découvertes et de plaisirs de voyages …

    Quels beaux souvenirs de notre voyage à  Katmandou à  l’automne 2010, quelle qualité de contacts, quelle montagne d’aventures de notre Pascal, et des rêves de découvertes futures. Peu importe le temps qui aurait resté à  Pascal, c’est certain qu’il n’aurait jamais pu en voir le bout et manquer de projets et de rêves.

    Nos condoléances à  Isabelle, dont il n’était jamais loin… même en voyage et dont il nous parlait si souvent avec tant d’enthousiasme et de plaisir.

    Il me semble évident qu’il a vécu pleinement et que si on peut regretter pour lui le futur qu’il n’aura pas….. Quant à  son passé il l’a vécu au maximum et ça serait bien difficile de vouloir le réviser. Il a pu être lui-même et s’investir à  réaliser ses rêves au maximum.

    Ça ressemble malheureusement un peu à  Babu Chiri Sherpa dont il nous a parlé souvent surtout qu’on était au Népal

    http://blog.karavaniers.com/2010/05/cause-du-mois-fondation-babu-chiri-sherpa/

    On va continuer à  penser et parler de Pascal mais malheureusement ce ne sera plus dans l’optique d’un éventuel voyage qu’on aurait eu un très grand plaisir à  refaire avec lui .

    01/12/2011 at 17:13
  • Gilbert Marois

    Au cours des dernières années je n’ai fait qu’un voyage avec les Karavaniers et c’était le Manaslu (Népal) avec Pascal. Son entregent, sa connaissance, son appréciation des peuples sans jugement, sa bonne humeur et son goût de partager ses connaissances et son amour de la vie font que je me promettais de faire mon prochain voyage avec lui comme guide… ton humanité me manquera! Veille sur nous!

    01/12/2011 at 18:29
  • Carole Roy

    Bien que je ne connaissais pas personnellement Pascal, je ne peux m’empêcher d’être émue par ce témoignage livré par Richard.

    Le décès de ce guide extraordinaire, me pousse encore plus à réaliser mes rêves. De toute évidence, on ne sait jamais le temps qu’il nous reste.

    01/12/2011 at 21:07
  • Michelle et Alain

    Jeudi, fin de journée, mon copain me dit  » J’ai rêvé de montagne cette nuit. Nous avons réussi à  faire un sommet. Pascal nous accompagnait. Dans son rêe, Pascal avait perdu beaucoup de poids. Pendant que mon copain est sous la douche, je prend mes courriels. C’est en lisant le 100ème éditorial de Karavaniers, que j’apprends la triste, trop triste nouvelle! Je me plais à  croire que tu es en grande conversation avec les nombreux Bouddha dont tu nous as tant parlé lors de notre voyage au Ladakh en 2008.
    Au revoir Pascal!

    01/12/2011 at 21:36
  • daniel lalonde

    Cher Pascal,
    on se quitte avec un sourire, on échange une poignée de main, une accolade chaleureuse , un «au revoir» joyeux. On est tout heureux de la belle fête qui se termine sur un quai. On sourit, certain de se revoir, on rit encore de nos dernières plaisanteries, on a encore au palais le goût du festin d’adieu, hier soir. On se réjouit d’une retrouvaille imaginée. Pourquoi être triste? On se reverra sûrement bientôt, sur un autre sentier, dans un autre pays. Ceux desquels tu nous as fait rêvé ne manquent pas.

    Eh non. ça ne sera pas. Et on regrette de ne pas t’avoir assez embrassé, lors de ce dernier adieu.

    La vie veux qu’on aime avec bonheur. Elle est donc bien faite, qui nous cache que cette accolade est la dernière. J’ignore quel écrit Bouddhiste contient cet enseignement. Tu ne pourra jamais nous le dire. Mais tu nous a dit tant.

    J’avais pris une photo de toi, un peu contre ton gré, m’avait-il semblé. Je m’étais promis de l’effacer. Maintenant, je ne pourrai plus. Pardonne-moi.

    02/12/2011 at 9:17

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