Ces mystérieuses statues du fond de la jungle…

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Ces mystérieuses statues du fond de la jungle…

Le mystère tropical des statues du fond de la jungle. Les mégalithes et les jarres du haut Sulawesi. La randonnée de l’enfer vert.

Sulawesi: Pour les quelques uns qui la connaissent, l’ancienne île des Célèbes est célèbre pour les cérémonies mortuaires du peuple Toraja dans les montagnes du sud-ouest. Certains se rappelleront peut-être de ce mort de 28 ans d’une chronique précédente et de la joie du père à nous voir si bien représenter, par notre seule présence, la vie de son fils disparu.

À mes yeux cependant, le mystère le plus intéressant de Sulawesi se trouve ailleurs. Pour le découvrir, il nous avait fallu remonter jusqu’aux jungles du centre, passer le long lac de Poso et s’entasser dans une jeep bringuebalante afin de traverser une haute colline sur une piste détrempée. De l’autre côté, le monde est un oubli à l’écart des routes. Il s’agit d’une espèce de cuvette tropicale et de quelques villages fleuris. L’endroit ne serait que beau (ce qui est déjà suffisant) s’il n’y avait pas aussi quelque chose des précurseurs de l’île de Pâques.

On connaît encore très mal l’aventure préhistorique de la première grande migration est-asiatique, celle qui précède l’arrivée des thaï et des malais. Ce qu’il nous reste, c’est une série d’indices et la possibilité d’un lien ou d’une coïncidence. Ainsi, n’est-il pas étrange de constater des formes relativement semblables dans les vestiges anciens de plusieurs pays de la région? Par exemple des jarres de pierre au Laos et aux Célèbes, voire des bas-reliefs et des statues vaguement similaires en Indochine (ou elles sont rares), à Sulawesi et enfin sur l’île de Pâques.

SULAWESI_T_C1_0015Pour tout vous dire, on commence à peine à étudier les mégalithes de Sulawesi (et à en découvrir d’autres) alors que Madeleine Colani avait déjà décrit ceux du Laos en 1930 et que l’île de Pâques est un mystère, certes, mais éminemment populaire. Par exemple, on s’est longtemps posé la question de l’utilité des jarres. Etaient-ce des bains privés pour quelques reines antiques, d’obscurs réservoirs rituels ou des tombes ? Aucun ossement n’avaient permis de prouver la plus probable des alternatives avant un article en indonésien du professeur Yuniawati en 1999, alors qu’il déniche justement au fond de l’une d’elle, dans la vallée reculée de Besoa, un fragment de mâchoire humaine et un morceau de crâne. Dès lors, il m’avait semblé fascinant de ne plus simplement nous attarder à la première vallée de Bada, mais de pousser au nord à travers la jungle vers les nouvelles trouvailles archéologiques de Besoa. Sachez cependant qu’on n’arrive plus vraiment aujourd’hui par l’ancien sentier puisqu’une mauvaise route s’en échappe désormais à partir du nord. Qu’importe ! Le vieux chemin est d’abord une piste, puis une trace, enfin quelque chose de flou où les arbres tombés, les branches basses, les éboulements et les ronces font qu’on n’avance guère à plus d’un kilomètre à l’heure. La jungle est si dense qu’on doit même carrément dormir sur le sentier. Elle est si reculée qu’on aperçoit aussi des dizaines de calaos endémiques, immenses et préhistoriques, et une nuée caquetante d’oiseaux noirs et orange dont je suis toujours incapable de vous préciser exactement l’espèce.

De l’autre côté de l’effort, Besoa ressemble aussi à une cuvette tropicale, à la différence qu’elle est sensiblement plus large. Quant aux jarres et mégalithes, on les trouve un peu partout. Une belle série se dresse sur une courte éminence au nord du village, entre les herbes hautes. Des statues plus courtaudes que les précédentes, mais aux traits plus affinés. Et des jarres immenses, mieux achevées, à côté desquelles des couvercles aux affolants bas-reliefs paraissent faire écho aux quelques-uns qu’avait trouvés Colani, autrefois, au nord-est du Laos.

Ailleurs, on aurait fait un musée froid de ces jolies pierres chaudes. Ici, parce que les hommes n’y viennent pas encore, parce que les fermiers ont mieux à faire que de veiller sur le sommeil des pierres, elles sont encore libres d’être inutiles. C’est justement pourquoi elles sont si merveilleuses.

Prochain voyage en Indonésie : « Sulawesi – Au pays des Torajas » – 1er au 23 mai 2010

Pascal

2 Comments

  • Monique Bernier

    Le souvenir de notre voyage dans cette île merveilleuse sera toujours une belle révélation autant du côté humain que culturel. Ce fût un point tournant dans ma vie.
    Merci encore à nos guides Pascal et Tino.

    03/12/2009 at 14:34
  • Jacques Bisson

    Mon inscription étant faite pour le prochain départ du mois de mai 2010, j’anticipe avec hâte la découverte de cette île en espérant avoir à nouveau le privilège d’avoir Pascal comme guide.

    03/12/2009 at 19:44

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